LE TONNEAU...

 

Le tonneau, la lanterne
et le bâton

Les ciseaux d’Émélia

Les ciseaux d’Émélia

 

Cette exposition collective, une initiative de l’organisme Espace projet, convie designers et architectes montréalais à exposer un objet inspirant qui lui appartient, accompagné d’un texte relatant une histoire en lien avec celui-ci. Le but étant d’explorer la valeur sentimentale attachée aux objets ; leur apparente banalité qui cache souvent un souvenir très personnel. Le savoir-faire de mes ancêtres m’impressionne depuis toujours. Ainsi, les ciseaux de couture de mon arrière-grand-mère dont j’ai hérité ont été la source d’inspiration de mon projet.
Espace Projet 2014.

 
 
Le tonneau, la lanterne et le bâton, vue d’exposition

Le tonneau, la lanterne et le bâton, vue d’exposition

« Ces ciseaux que j’utilise tous les jours dans mon atelier datent du début du XXe siècle. Ils sont un exemple de design réussi, tant au niveau de la performance que de la durabilité, les deux principes de base de la compagnie WISS qui les a manufacturés.

En m’intéressant aux origines de l’entreprise, fondée en 1847, j’ai découvert l’homme ingénieux qui lui a donné son nom. Jacob Wiss, coutelier et armurier suisse, immigre aux États-Unis à l’âge de 30 ans et s’installe à Newark, où il ouvrira sa petite « shop » dans une ancienne étable. Il y applique les techniques traditionnelles de fabrication des lames, avec une meule en pierre naturelle et une polissoire en bois. Bien vite, il modernise la méthode par un système plus efficace : pour actionner les meules, il attèle parfois son chien Saint-Bernard et le fait courir sur un tapis roulant! L’entreprise grandit, se met à la vapeur, et 67 ans plus tard, grâce aux descendants du coutelier, WISS devient le plus grand producteur de cisailles et de ciseaux au monde.

Mais la raison, la vraie, pour laquelle ces ciseaux sont si importants à mes yeux, c’est parce qu’ils ont appartenu à Émélia, mon arrière-grand-mère. Née en 1881, elle devient couturière dès l’âge de 16 ans et en fera son métier. Lorsque je prends dans mes mains son fidèle compagnon de travail, je me sens privilégiée et j’ai une pensée pour Émélia, son talent, sa persévérance, son goût des choses bien faites. »

Monique Ste-Marie